Seuls
Nou Pèp La et Ba Peyi-a An Chans ont choisi de prendre
position concernant le scandale écologique de la destruction
programmée des récifs coralliens de la Grande Sèche. Les autres
candidats ont préféré ignorer notre appel. Au delà du devenir de
ce joyau du patrimoine naturel de la Martinique, cette expérience
permet de tester notre classe politique: qui se soucie vraiment de
l'environnement ? Qui a le courage de prendre position pour le
protéger ?
Parce
que le crime environnemental programmé qu'est le projet de
destruction des coraux de la Grande Sèche était absent du débat
électoral, nous avons envoyé une carte postale et un mail à
chacune des listes à la mi-novembre. Après une relance le 30
novembre, nous n'avons reçu que deux réponses sur neuf cartes
postales. Voici ces deux réponses et notre avis pour chacune d'entre
elles.
Réponse
de Ba Peyi-a An Chans: « Ba Peyi-a an Chans est un groupe
qui privilégie la concertation »
La
première réponse que nous avons reçu est celle de la liste
conduite par Yann MONPLAISIR dans laquelle le concertation est la
solution privilégiée afin de concilier préservation de
l'environnement et développement économique:
"Parce
que le groupe Ba Peyi-a an Chans est un groupe qui privilégie la
concertation nous envisageons de:
· Nous
rapprocher des autorités compétentes afin de connaitre leurs
projets alternatifs à ce concassage de récifs coralliens.
· Discuter
avec les acteurs associatifs et citoyens, mais aussi des experts sur
les alternatives possibles pour inscrire les projets de développement
dans une dynamique durable.
« Ba
péyi a an chans », se veut, une passerelle incontournable
permettant de trouver un compromis raisonnable entre la préservation
essentielle de notre Patrimoine naturel et le développement
nécessaire à l’épanouissement de notre île et de sa population."
(courrier complet)
Notre
avis: Lorsqu'il s'agit de projets importants de par leur
ampleur ou leurs impacts, la concertation et/ou le débat avec les
associations et les citoyens est une étape fondamentale au
stade de la conception du projet, c'est-à-dire avant que les
choix importants aient été effectués.
Ceci
dit, dans la mesure où les coraux jouent un rôle fondamental
dans l'équilibre naturel et que leur état soit suffisamment
inquiétant pour que l'ONU décide d'alerter les Etats de la Caraïbe sur une probable disparition de cet écosystème dans
notre région d'ici 20 ans, nous considérons qu'utiliser des
coraux comme source de gravier gratuit est aberrant tant sur le
plan environnemental qu'économique. Utiliser les coraux comme
source de matériaux n'est pas une option.
En
d'autres termes, un projet comportant la destruction de récifs
coralliens (espèces protégées à la Martinique), alors qu'elle
peut être aisément évitée, ne devrait tout simplement pas voir
le jour, et ne peut donc faire l'objet de concertations.
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Réponse
de Nou Pep La: « aucun projet ne doit justifier la
destruction de notre écosystème marin »
Dans
son courrier, Marcellin NADEAU, leader de Nou Pèp La affirme avec
plus de fermeté sa position pour la protection de l'environnement et
souligne l'absurdité de cet « écocide »:
« J’ai
eu l’occasion à plusieurs reprises de m’exprimer sur cette
opération que je trouve pour ma part dangereuse, aberrante et
scandaleuse. La liste Nou Pèp La que j’ai l’honneur de conduire
réaffirme l’absurdité d’une telle action et précise qu’aucun
projet ne doit justifier la destruction de notre écosystème marin
ou de tout autre écosystème. »
Notre
avis: Nous partageons cette opinion. En revanche, nous n'avons pas suffisamment entendu ce son de cloche durant la campagne. Il aurait été préférable
que ce mouvement politique évoque plus souvent et d'une façon
plus forte ce sujet, de façon à l'imposer dans les débats.
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La
destruction de la Grande Sèche: un sujet tabou
Nous
regrettons le silence des 7 autres listes candidates à la CTM sur
une problématique environnementale concrète dont la responsabilité
est locale et non globale comme celle du changement climatique.
Comment
prétendre à la gestion d'une île à la biodiversité remarquable sans
même se prononcer sur la destruction programmée d'un joyau de son
patrimoine naturel ?
Mais
ne soyons pas naïfs, ce silence ne cache pas nécessairement de
l'indifférence, il peut s'agir d'un manque d'indépendance face à
un projet porté par l'État et qui profite à des groupes
puissants...
Aussi
nous sommes étonnés du silence de certaines listes qu'on aurait pu
penser plus libres dans leurs prises de position...
C'est
pourquoi nous saluons Marcellin NADEAU et Yann MONPLAISIR pour avoir
pris position sur ce sujet quasiment verrouillé médiatiquement,
c'est-à-dire avoir fait preuve du courage et du sens du devoir que
nécessite l'engagement politique.
Nous
ne désespérons pas que la Martinique ait un jour des médias
pertinents et indépendants, et une classe politique dont l'intérêt
principal est le bien-être actuel et futur de ses habitants.