dimanche 30 août 2015

LA MARTINIQUE ORGANISE-T-ELLE SECRÈTEMENT LA DESTRUCTION DE SES CORAUX ?

17 ha de récifs coralliens arrachés entre 1999-2002, 13 ha du même banc récifal actuellement menacés, une expression subtile dans le nouveau SDAGE qui permet la destruction de la majorité des récifs coralliens de Martinique...Difficile de croire à de simples coïncidences. Les autorités de Martinique (île durable ?) ont-elles décidé de piller en secret le biopatrimoine martiniquais?
Une série de faits porte à croire que les autorités martiniquaises ne font pas la différence entre une patate de corail et une vulgaire roche.

Épisode 1: 17 ha de récifs coralliens détruits !
Pour réaliser la première extension en 1999-2002, 17 ha de la caye (= banc récifal) de la Grande Sèche sont « prélevés », soit 1,3 millions de m3. Malgré l'arrête préfectoral interdisant l'arrachage des coraux à la Martinique et l'absence d'autorisation de prélèvement de matériaux relatif au Code Minier (la caye de la Grande Sèche n'a jamais été classé comme une carrière), c'est-à-dire en toute illégalité.

A mesure que le port s'agrandit, les récifs coralliens de la Grande Sèche sont détruits car considérés comme matériaux de construction gratuits
Épisode 2: 13 ha de récifs coralliens menacés !
En 2013, le Préfet autorise la destruction de 13 ha sur 6 m de profondeur, soit 800 000 m3, de la même caye, celle de la Grande Sèche. Dans le dossier de demande d'autorisation, la caye de la Grande Sèche apparaît comme un milieu dégradé (« sables, sablo-vaseux, zones rocheuses ou patates coralliennes isolées et souvent dégradées »), ne comportant qu'une espèce vulnérable.

Leurs études n'ont pas permis de mettre à jour la remarquable biodiversité de la caye de la grande Sèche, soit 410 espèces différentes dont 81% de la biodiversité en coraux de la Martinique, 3 espèces « vulnérables » et 3 espèces « en danger », la présence de monuments coralliens de plusieurs tonnes,...

Un jardin corallien de la caye de la Grande Sèche
Cette richesse biologique fut révélée ultérieurement durant l'inventaire rapide menée par une équipe de chercheurs de l'Université des Antilles. Comment cette richesse biologique a-t-elle pu passer inaperçue aux équipes de recherche mandatées par la DEAL (le service environnement de la Préfecture) ? Les études de la DEAL sont-elles fiables ? D'autant plus que le projet a été porté par ce service jusqu'au 1er janvier 2013, date de création du Grand Port Maritime de la Martinique qui reprendra le projetLa DEAL a-t-elle traité ce dossier en toute impartialité ?

Épisode 3: la rédaction du SDAGE, plus de 60% des coraux sans protection !
Le SDAGE, Schéma Directeur de l'Aménagement et de la Gestion de l'Eau, document rédigé tous les 6 ans, énonce les orientations fondamentales de gestion de l'eau dans chaque bassin selon les principes énoncés dans une directive européenne, la Directive Cadre Eau. 

Dans le projet du SDAGE 2016-2021 rédigé par la DEAL figure une expression dont seul un spécialiste pouvait réellement apprécier la portée, « récifs bioconstruits » pour désigner les coraux. Cette expression exclut la majorité des coraux à la Martinique, elle ne désigne que les coraux organisés en récifs. Or la plupart des coraux sont regroupés en banc récifal (caye), sur des cailloux,...La remarque leur ayant été faite par e-mail et voie postale, nous serons vigilants aux suites qui lui seront données...

Pour mettre fin à ce mauvais feuilleton, vous pouvez signer et faire signer cette pétition.


En Ba Fey! (en français: en cati mini, en douce)


Bien qu'étant de grande am-pleur, ces méfaits sont ac-complis en toute discrétion (mais aussi en toute impunité !)

1- Peu de gens étaient au courant de la destruction de 17 ha du banc récifal de la Grande Sèche, entre 1999 et 2001. Même les instances chargées de la gestion du milieu marin n'ont vraisemblablement pas été mises au courant. En 2011, la Baie de Fort-de-France s'est même vue distinguée en accédant au Club des plus belles baies du monde pour ...la gestion de sa biodiversité remarquable ! Un comble !

2- Concernant le projet de destruction autorisé en octobre 2013, idem. Peu de gens ont été informés, voir consultés. Et c'est en apprenant la destruction programmée de 13 ha de récifs coralliens que la CACEM (communauté d'agglomération du centre de de la Martinique), membre du comité de Bassin, a dépêché en urgence une équipe de chercheurs en mai 2014. Suite à la découverte de cette biodiversité, une mobilisation fin juin 2014 a donné naissance au Collectif à l'origine de ce blog...

Ces différents éléments laissent penser que les autorités veulent transformer des monuments de notre patrimoine naturel en vulgaires carrières pour un projet dont l'intérêt général est loin d'être prouvé...

Car, à la question environnementale s'ajoute celle du développement économique: quel projet de développement amène à détruire des coraux pour agrandir un port visiblement sous-utilisé ? Certainement pas un projet de développement durable...et transparent.

3 commentaires:

  1. C'est à dire que,quand notre environnement sera devenu complètement stérile par excès de pollution, de dégradations volontaires ou accidentelles de toutes sortes... l'approvisionnement des comptoirs français en situation de monopole absolu chez-nous, ne pourra que s'intensifier tout au bénéfice évident de la patrie des Domiens sise à 7000 km du petit bout de terre qui leur à donné vie.

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    1. Petite remarque au sujet de l'intitulé de cet article... Moi j'aurais plutôt écrit: LA FRANCE ORGANISE-T-ELLE SECRÈTEMENT LA DESTRUCTION DES CORAUX EN MARTINIQUE ?

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