dimanche 9 août 2015

LES CORAUX, UNE BARRIERE NATURELLE CONTRE LES TSUNAMIS

Le Kick'em Jenny nous a rappelé la vulnérabilité de la Martinique face aux tsunamis. Mais saviez-vous que 90% de l'énergie des vagues pouvaient être absorbés par les récifs coralliens et 60% par les mangroves ? Pour se prémunir contre les tsunamis et la houle cyclonique, il est est primordial de préserver les protections naturelles que sont les mangroves et les récifs coralliens.

A gauche: Inondations à Sainte-Lucie en 2013, à droite: récif corallien de l'archipel de Tuamotu (Polynésie française)

La Martinique, terre d'inondations
De par sa position géographique, la Martinique est coutumière des inondations qu'elles soient dues à des débordements de cours d'eau en période de fortes précipitations ou encore à des submersions marines (=inondations d'origine marine) pouvant être engendrées par des ouragans ou, plus rarement, des séismes (tsunamis).
La carte ci-dessous présentent les inondations importantes qu'a connues la Martinique dans son histoire récente.

Carte présentant les inondations remarquables de la Martinique (Evaluation préliminaire des risques d'inondation, 2011)
Fort-de-France, un bassin de population menacé
Le Plan de Gestion des Risques d'Inondation (Egis Eau) désigne la zone Fort-de-France/Lamentin comme le principal Territoire à Risque important d'Inondation. De plus, selon l'Evaluation Préliminaire des Risques d'Inondation (DEAL Martinique), Fort-de-France comporte la zone vulnérable au submersion marine, la plus densément peuplée. Ainsi, 4000 Foyalais (= habitants de Fort-de-France) habitent une zone où la menace d'une inondation par la mer est importante, les quartiers de la Savane et Volga Plage sont les plus concernés par ce risque. Une large partie du centre-ville connaît des inondations d'origine marine durant les dépressions importantes.

Nombre d'habitants dans les zones potentiellement inondables par la mer (Evaluation Préliminaire des Risques d'Inondation, 2011). La localisation de la Grande Sèche a été ajoutée par le blog.
Certains vous diront qu'une partie importante du centre-ville et quelques quartiers de Fort-de-France auraient été construits sur des mangroves remblayées et que ceci explique peut-être cela...

Les coraux, une protection contre les inondations provenant de la mer
La nature étant (généralement) bien faite, la baie de Fort-de-France comprend de nombreuses zones tampons qui la protègent de la houle: les mangrove et les récifs coralliens. Elle compte les 2/3 des mangroves de l'île et nombre important de cayes (= banc de récifs coralliens) dont celle de la Grande Sèche menacée par les autorités. Les récifs coralliens joue un rôle fondamental dans la protection des côtes. « Ainsi, selon le PNUE [ndlr: Programme des Nations-Unis pour l'Environnement], un récif corallien caractéristique pourrait-il absorber 90 % de la force d'impact d'une vague, protégeant ainsi le littoral et les infrastructures contre l'érosion et les dégâts, tandis qu’un kilomètre carré de récifs coralliens préviendrait annuellement contre l’érosion de 2 000 mètre-cube de littoral.» (source: La préservation des écosystèmes coralliens : principaux aspects scientifiques, institutionnels et socio-économiques, Ministère de l'Ecologie).

Cette illustration montre comment des récifs coralliens sains protègent la côte de la force de la houle

Coraux contre tsunami: le cas de la Polynésie

Le tsunami le plus important qu'aient connu les îles de Polynésie (en 1945) a fait plusieurs victimes et causé des dégâts très importants sur les îles Marquises. Alors que les îles de Tuamotu n'ont déploré aucune perte humaine et des dégâts matériels moins importants. Cette différence s'explique en partie par la présence de coraux protégeant les îles Tuamotu, alors que les récifs coralliens des îles Marquises ont quasiment disparu.
Des observations similaires au sujet du tsunami d'Indonésie en 2004 ont été effectuées notamment au sujet du rôle protecteur des mangroves (source).

C'est pourquoi en 1978, les récifs coralliens qu'on appelle aussi « madrépores » ont été déclarés espèces protégées à la Martinique par arrêté préfectoral 78-1530 AES/B2.

Extrait de l'arrêté préfectoral 78-1530 AES/B2

Voici une raison de plus de préserver les coraux. Mais vraisemblablement, les autorités ne prennent pas la mesure de l'importance des bénéfices engendrés par les récifs coralliens pour nos îles puisqu'elles ont programmés la destruction de récifs coralliens. 13 ha de la caye (=banc de récifs coralliens) de la Grande Sèche,  située au cœur de la baie de Fort-de-France, sont menacés de destruction (arrêté préfectoral 2013 283-0008) pour être utilisés comme vulgaire matériaux gratuits destinés à l'extension de Fort-de-France.
Pour empêcher ce gâchis, signons la pétition ! A partager sans modération !

1 commentaire:

  1. Merci pour ce rappel important : un argument de plus contre les promoteurs du béton à tout va.

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